Accueil > Forum > L’entrée en institution : est-ce un choix ?
Tout d’abord, il faut savoir que seulement 5% des plus de 60 ans vivent en institution médico-sociale, mais cette proportion augmente avec l’âge et plus d’un quart des 90 ans (et plus) sont en structures d’hébergement.
1/3 des patients atteints de maladie d’Alzheimer sont en institution, mais cette proportion augmente avec l’évolution de la maladie. L’entrée en institution se fait alors lorsque la dépendance physique s’accroit avec l’aggravation des troubles cognitifs, qu’apparaissent des troubles du comportement et que les aidants du domicile ne peuvent plus faire face. Le fait d’entrer dans un établissement n’est pas un choix dans l’immense majorité des cas, mais est imposé par les contraintes de la perte d’autonomie, et nous le verrons au cours des entretiens. Il est souvent initié par des soignants, par la famille ou l’entourage. Parfois le passage en maison de retraite se fait directement après une hospitalisation.
La personne âgée va devoir quitter son environnement familier dans son quartier ou son village, rompre avec son tissu social, s’arracher à son biotope pour intégrer un nouveau monde plus ou moins imposé, à un âge avancé. Cette entrée en institution est un véritable traumatisme pour la personne âgée, a fortiori atteinte de troubles cognitifs, et nous pouvons parler d’un véritable deuil qu’il va falloir accompagner. Elle représente « un risque majeur de perte de l’identité de la personne âgée » 18, comme l’a écrit une psychologue, Claudine BADEY-RORIGUEZ.
Elle a souligné le processus de dépersonnalisation et les effets dévastateurs pour l’identité qui suivaient l’entrée en institution. Elle se voit, cette personne âgée dépendante, dans un univers étranger, entourée par des visages inconnus. « Imaginons quels peuvent être ses pensées et ses sentiments quand elle se retrouve dans un lit, dans un cadre de vie qu’elle n’a pu s’approprier, où elle ne reconnaît plus ni bruits, ni odeurs, ni sensations familières » 19...D’autre part, cette institutionnalisation est un risque pour l’équilibre de la famille avec l’instauration d’un sentiment de culpabilité, le réveil d’anciennes blessures enfouies qui refont surface à cette occasion.
GOFFMAN, parle, lui « d’institutions totales » 20, où les personnes vivent recluses coupées du monde. Conscients de ce choc pour la personne âgée, de ce lien indissociable famille-résidents, nous nous efforçons dans nos petites unités d’intégrer les familles à la gestion de l’établissement, mais aussi de les impliquer dans la vie quotidienne, de rechercher leur participation afin d’essayer de maintenir l’équilibre familial. Nous ouvrons aussi largement nos petites unités sur le monde extérieur, pour éviter une rupture avec la société.
18 BADEY-RODRIGUEZ Claudine « L’entrée en institution un bouleversement pour la dynamique familiale », Gérontologie et société 2005/1 (n° 112), p. 105-114.
19 Ibid, p 106
20 Erving Goffman ; Asiles ; Etudes sur la condition sociale des malades mentaux et autres reclus ; Editions de Minuit , Paris 1968. L’institution totale : « un lieu de résidence et de travail où un grand nombre d’individus, placés dans la même situation, coupés du monde extérieur pour une période relativement longue, mènent ensemble une vie recluse dont les modalités sont explicitement et minutieusement réglées
26 septembre 2017 par
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